A 14 heures tapantes, une dizaine d’étudiant.e.s en Brevet professionnel 2ème année au Lycée des Métiers des Arts de la Coiffure de Lyon se tiennent prêts. Ils ont deux heures pour coiffer les passagers et passagères venus en nombre confier leur chevelure à leurs mains expertes, « sans aucune appréhension », affirme Cécile avec un grand sourire, «je leur fais totalement confiance ! ».
Publié le 31 janvier 2023
Ciseaux, rasoirs, brosses, sèche-cheveux sont étalés sur les tables. Sous l’œil à la fois vigilant et bienveillant de Christophe, le professeur, les apprentis coiffeurs passent d’une tête à une autre, ici pour couper une frange et des pointes, là pour faire un brushing, ou encore rafraîchir une coupe voire carrément la transformer…
La plupart se sont déjà livrés à cet exercice dans d’autres Escales Solidaires durant leur cursus, ou en plein air place des Archives en septembre dernier. Tous en gardent un souvenir émouvant qui les a marqués. « C’est une expérience originale, on fait plaisir aux gens et comme ils sont contents de notre prestation, on l’est aussi», observe Titouan. « C’est vraiment très enrichissant », confirme Déborah qui ne manque pas un seul atelier coiffure aux Escales animé par Christophe. Ambre, la seule élève à participer à cette initiative pour la première fois, n’est pas déçue : « J’aime la démarche d’offrir une coiffure. En plus, on a affaire à de vraies personnes. Ça nous change de l’école ! ».
Leur professeur, un passionné de coiffure, a répondu présent dès le début de l’aventure avec les escales, il y a 4 ans : «J’adore mon métier, je veux transmettre ma passion à mes élèves. Et puis, j’ai toujours aimé rendre service, je sais combien des cheveux bien coupés contribuent à la bonne image de soi et aident à se sentir bien dans sa peau, facilitent les contacts, la recherche d’un emploi…». Mission accomplie si l’on en croit les visages radieux de ses élèves. Comme ceux des passagers.
Ema, venue pour un brushing, apprécie ce service : «Je vis seule, j’ai des enfants, peu de moyens. Je remercie les escales qui me donnent la possibilité d’être bien coiffée, c’est important pour moi. Bravo !».
Nicolas, qui s’applique à coiffer ses longs cheveux épais et frisés, ne cache pas son enthousiasme : «Cette initiative est au top, elle nous oblige à sortir de notre routine. Moi, ce que j’aime surtout, c’est couper les cheveux et rendre les gens beaux !». D’autres, comme Bikuki, le plus expérimenté d’entre eux, sont heureux « de rencontrer différentes personnes, découvrir différents milieux sociaux». Lutcho approuve : «J’adore ! On doit s’adapter à toutes sortes de personnalités. Et puis, ils sont toujours contents, c’est très agréable, on touche vraiment à l’humain !». Entre deux conseils ou retouches de coupe, Christophe confirme : «Cette reconnaissance est très valorisante pour les élèves, elle leur donne confiance en eux, c’est gratifiant !».
L’humain, un mot qu’évoque aussi Claudia qui a poussé pour la première fois la porte de l’escale en début de semaine alors qu’elle habite dans le quartier depuis des années. «C’est très chouette, du donnant-donnant, pour les étudiants et pour les gens qui n’ont pas les moyens d’aller chez le coiffeur. Je découvre combien ce type de lieu est important, d’abord parce qu’il rend service à des personnes en difficulté financière mais aussi parce qu’il crée du lien, de la solidarité». Emue, elle ajoute : «Voilà une expérience profondément humaine qui me réjouit et me nourrit !». Au point d’envisager de se lancer dans le bénévolat…
Christophe porte un regard positif sur ses élèves, «ils sont ouverts, agréables, très motivés et acceptent les remarques». Heureusement, car comme leurs camarades d’autres classes, ils reviendront régulièrement aux escales offrir leur précieuse expertise. Une perspective qui les réjouit !
Marie-Anne, bénévole reporter
