Pour quelle raison les ateliers d’écriture ont-ils autant de succès ? Pourquoi une activité d’ordinaire plutôt solitaire séduit-elle autant ? A voir les participants de celui de l’escale Wilson qui se jettent à l’eau, ou plutôt sur leur page blanche quel que soit le thème donné avec une concentration et une inspiration évidente, on ne peut s’empêcher de penser que le groupe doit certainement stimuler la créativité.
Animé depuis janvier par Dany, membre de l’association ATD Quart Monde, dans le cadre d’un partenariat avec l’escale Wilson, l’atelier d’écriture compte plusieurs fidèles parmi les adhérents de cette association et les passagers des escales, tout en accueillant chaque fois de nouvelles personnes.
Publié le 6 mars 2023
La passion de l’écriture, Dany l’éprouve depuis longtemps. « J’ai toujours aimé écrire pour moi et j’avais très envie de partager cet amour de l’écriture », confie-t-elle.
En début de séance, elle écrit une phrase au tableau, en lien avec la vie, son sujet de prédilection, et les écrivains en herbe ou confirmés se lancent après une courte réflexion. L’exercice est libre. « Ecrivez ce qui vous traverse l’esprit, avec vos mots et votre style, il n’y a pas de jugement, laissez voyager votre imagination ! ». Il n’en faut pas plus pour libérer les appréhensions. Quand toutes les têtes se redressent, chacun ou plutôt chacune aujourd’hui car il n’y a pas d’hommes ce 1er mars, lit son texte à tour de rôle. Une façon d’écouter résonner ses propres mots et de les partager avec les autres.
Que ce soit « Prends le temps », ou « Au fil de la vie », l’inspiration ne se tarit pas.
Elle conduit aussi à des réflexions personnelles formulées à voix haute pour être entendues et partagées avec le groupe. « Je ne prends pas assez le temps de vivre, de me poser, de faire un break, de m’occuper de moi. Pourtant je devrais », constate Françoise tout en écrivant. « Ici, je prends le temps de réfléchir, je respire calmement, je ne stresse pas, c’est génial ! », renchérit Patricia qui poursuit avec enthousiasme : « L’écriture est une bonne thérapie ! Quand les mots sortent de la tête, ça me fait autant de bien que de parler à la psychologue que j’ai croisée avant d’entrer dans cette salle ».
Pour Godelieve, sensible à la poésie, « Prendre le temps c’est grandir comme un arbre ». Alissia, qui vient pour la première fois, est intimidée : « Je me sens comme à l’école », dit-elle en riant. Mais le plaisir d’écrire l’emporte rapidement sur la timidité et elle livre un beau texte qui rappelle combien « il est important de reconnaître la beauté autour de soi et de prendre le temps de l’admirer ».
Michèle dévore les livres. « Mais sans l’initiative de Dany, l’idée de participer à ce genre d’atelier ne me serait jamais venue à l’esprit, pourtant on se prend vite au jeu », reconnaît-elle. « Moi, c’est le théâtre qui m’a donné envie d’écrire. Le groupe me motive beaucoup », affirme Françoise. Patricia renchérit : « En plus, ici on n’est pas dérangées par nos problèmes habituels. Moi je n’ai jamais appris à me poser pour écrire, ici je prends le temps et ça me fait beaucoup de bien ».
Tout en reconnaissant que le groupe la stimule, Godelieve aime aussi pratiquer l’écriture en solitaire. « Et puis, j’aime écrire dans de beaux carnets, avec une belle plume qui glisse sur le papier, c’est inspirant », confie-t-elle les yeux pétillants. « Ce qui est intéressant aussi », conclut Alissia, « c’est qu’en explorant des thèmes auxquels on ne pense pas forcément chez soi, on sort de nos habitudes ».
Epatée par la qualité des textes produits, Dany propose de les récupérer à la fin de chaque atelier et de les rassembler dans un livret.
L’exercice se termine sur une note positive, le sentiment d’avoir passé un bon moment ensemble et, pour certaines, d’avoir pu se libérer en mettant des mots sur leurs maux, pour d’autres d’avoir enrichi leur style, leur vocabulaire. Des sensations et découvertes qui ne pourront que s’intensifier au cours des prochaines séances.
Avis aux amateurs, n’hésitez pas à rejoindre le groupe pour vivre une expérience à la fois intime et collective, vous laisser surprendre par les mots et les phrases qui vous viendront à l’esprit, et emporter dans un élan de créativité partagé avec d’autres.
Marie-Anne Ichter, bénévole reporter