Publié le 5 janvier 2022
Intervention d’Emmanuelle Wargon, Ministre du logement, lors de la table ronde : “Le logement (très) social peut-il être éco-responsable ?”, organisée par H&H Ile-de-France, le 11 septembre 2020.
“ Dans un monde du logement très réglementé et fortement structuré par des impératifs techniques et des objectifs économiques, se pose, de façon cruciale, la question de notre responsabilité environnementale.
La période de confinement due à la COVID 19 et ses conséquences économiques et sociales nous rappellent chaque jour l’impératif de changement auquel nous sommes confrontés. Mais comment concilier l’urgence d’un logement accessible aux plus précaires avec des objectifs écologiques ambitieux ?
Nous devons repenser des manières d’habiter qui tiennent compte des besoins des plus fragiles en termes de confort, de mobilité et de lien social tout en respectant le territoire et l’environnement.
Avoir une politique de logement écoresponsable, c’est construire un logement le plus citoyen possible en évitant de consommer trop de ressources matérielles et énergétiques.
Mon passage de secrétaire d’Etat à la transition écologique à ministre en charge du logement au sein du ministère de la transition écologique illustre l’ambition qui est la nôtre de nous confronter aux enjeux écologiques pour nous permettre d’innover et d’internaliser les contraintes liées à la production de logements durables.
Je porte donc en priorité le projet de rénovation thermique dans une politique d’amélioration du parc existant. Mais on a aussi besoin de construire, sans trop d’étalement urbain, sans consommer trop de terres naturelles…
Très concrètement, cela veut dire construire là où cela a déjà été artificialisé ou urbanisé – la reconstruction de la ville sur la ville – mais aussi, par notre plan de relance, investir 300 millions d’euros dans les friches, pour faire le tour de table et boucler les opérations qui ne se bouclaient pas parce que c’était plus cher de construire sur une friche que sur un terrain agricole. Mais nous devons aussi planifier des programmes de reconstruction et de réhabilitation, de recherche de logements vacants, de transformation de bureaux en logements…
Une politique plus exigeante en termes environnementaux peut être compatible avec une politique sociale du logement dans la mesure où l’on est en capacité de proposer des modèles de logements, en accession ou en location, qui soient vertueux et à des prix de construction abordables.
En investissant publiquement pour aider les maires à densifier ou à utiliser des friches, notre objectif est d’équilibrer les modèles de construction pour que le prix final payé par le consommateur sous forme de loyer ou de prix d’achat reste modéré. On est ainsi en capacité d’inventer un modèle d’urbanisme de demain qui ne soit pas forcément plus couteux que l’urbanisme d’étalement tout en prenant en compte les coûts induits de voiture ou un accès aux services compliqué.
Et puis il y a une dimension qui n’est pas financière qui, pour nous, et bien sûr, pour Habitat et Humanisme, est très importante, c’est le lien social et notre capacité à proposer des logements mixtes.
Dans les expériences d’habitat intergénérationnel, la durabilité s’exprime aussi dans le maintien à domicile, dans la lutte contre l’isolement des personnes âgées et parfois des jeunes. Habitat et Humanisme innove sur nombre de ces segments, y compris avec des expériences qui sont intermédiaires entre l’hébergement et le logement, entre l’accession et le locatif, des modèles moins “carrés” que les modèles d’aujourd’hui et qui répondent de façon ciblée aux besoins. C’est cela qu’il nous faut démultiplier pour décanter progressivement la manière d’habiter le logement et la manière d’habiter demain ensemble.
Les logements très sociaux peuvent être écologiques et les logements écologiques peuvent et doivent intégrer la question du lien social.
C’est vraiment durable à double sens… ”.
➔ Le n°13 spécial Location Solidaire complet
➔ Témoignage de Anne-Lise Quatorze, Propriétaire solidaire avec Habitat et Humanisme