Quelle affluence à l’escale du 2 ce mercredi 8 février ! La présence simultanée d’étudiantes de l’Ecole Peyrefitte Esthétique et de l’Ecole Rockefeller Pédicure-Podologue explique probablement cette envie irrésistible de s’accorder un vrai moment de détente.
Publié le 14 février 2023
Léane, Adriana, Clara et Léa, étudiantes en BTS des métiers de l’esthétique, cosmétique, parfumerie à l’Ecole Peyrefitte, s’installent avec leur matériel professionnel. Alexandra, une passagère, s’assoit et pose ses mains sur le coussin de manucure de Léane. Elle jette un regard critique sur ses mains en énumérant leurs défauts tout en regrettant de les négliger autant « alors que, plus que le visage, elles trahissent notre âge». Avec tact, Léane la rassure et la conseille. «Je vais m’occuper de vos ongles, supprimer les peaux mortes et terminer en massant et hydratant vos mains pour leur faire du bien», explique-t-elle en souriant.
Léane, comme ses camarades, privilégie les relations humaines. «Si j’ai choisi ce métier», confie-t-elle, «c’est parce que j’aime le contact avec les gens. La position en face à face facilite les échanges. C’est très différent quand on va chez le coiffeur par exemple !». Entre ses mains agiles, à la fois fermes et douces, Alexandra savoure son plaisir et se détend : «C’est la première fois que je m’accorde du temps pour moi», reconnaît-elle, «pourtant, c’est important pour l’image de soi». Cette phrase fait réagir Adriana, étudiante : «Moi, je dois beaucoup à ce métier. L’esthétique m’a vraiment sauvée au collège car elle m’a appris à améliorer l’image que j’avais de moi et m’a donné envie d’aider les autres à en faire autant !».
De plus en plus d’hommes ont aussi recours à des soins de manucure. Comme Francis, qui évoque ses activités dont les massages qui exigent d’avoir des mains impeccables. Adriana coupe et lime ses ongles, repousse les cuticules, réhydrate et masse ses mains. «C’est très agréable d’être pris en charge comme ça !», apprécie Francis.
Malika, qui participe aux ateliers cuisine en famille le samedi matin, est ravie d’être là. Pendant que Clara, étudiante passionnée d’onglerie s’occupe d’elle, lui raccourcit et lime les ongles, elle raconte son expérience les samedis matin, le plaisir d’apprendre des recettes, des astuces, grâce à Mélanie qui anime l’atelier. Tout en jetant un œil admiratif sur le travail de Clara : «C’est très bon pour le moral, on se sent bien quand nos mains sont nickel, et nos cheveux aussi». Mise en confiance, elle retrace son parcours, son passage par une pension de famille, puis son besoin d’autonomie, sa reconversion. Léane a raison, les langues se délient lorsque les mains sont massées, soignées… «Les escales permettent de créer des liens, toutes les générations s’y retrouvent, l’ambiance est bienveillante. Je m’y sens bien, c’est très important pour moi de venir ici», confie Malika.
Au bout d’une demi-heure. Malika cède la place à France qui pose à son tour ses belles mains devant Clara épatée par leur allure soignée. «Eh oui, je suis maniaque, j’aime la perfection jusqu’au bout des ongles», avoue France dans un éclat de rire. A la table voisine, Victoriane, elle, arbore de superbes ongles rouges strassés : «Moi, je ne me soucie que de mes ongles, pas de mes mains».
Aux côtés de Clara, Léa soigne les mains de Sarah et applique du vernis sur ses ongles. Sarah admire le résultat : «Je n’ai jamais eu des ongles aussi beaux !», s’extasie-t-elle. Une réflexion que Léa aime à entendre car elle la conforte dans le choix de son métier. «Ici, on vit un moment de partage avec les personnes dont on s’occupe, on peut papoter. On écoute et on donne des conseils, ça me plaît beaucoup !», affirme-t-elle avec enthousiasme.
Dans l’autre partie de la salle, de futures pédicures-podologues s’activent aussi auprès des passager.ère.s mais les confidences sont plus rares, les jambes allongées créant une certaine distance physique. Ce qui ne les empêche pas d’apprécier les soins et massages des pieds, trop souvent négligés car peu visibles, à l’abri des chaussures. Pourtant, sans eux, pas d’autonomie ! C’est ce que confirme Rachel : «Les pieds, c’est précieux, ils portent notre corps, il faut en prendre soin !». Elle savoure intensément ce moment de pur bonheur : «Je viens pour la quatrième fois, c’est génial !».
A ses côtés, Joana ne cache pas non plus son plaisir : «C’est vrai», acquiesce-t-elle, «depuis que je connais les escales, mes pieds revivent !». Romane, étudiante en première année comme ses camarades, confirme : «Ne plus pouvoir marcher, c’est perdre son autonomie. Ce qui est satisfaisant dans notre métier, c’est le résultat immédiat. Les personnes sont rapidement soulagées».
Concentrées, les étudiantes écoutent attentivement les conseils de Gaëlle, leur professeur. Grâce à leur formation en alternance, elles ont affaire à une clientèle très variée. Elles ont aussi l’occasion de pratiquer leur futur métier en Ehpad, à l’hôpital, dans des écoles… Mais toutes sont unanimes, ce sont les escales qu’elle préfèrent. «C’est le seul endroit où les personnes dont elles prennent soin sont aussi gentilles et reconnaissantes, c’est très valorisant quand on est en formation et ça donne une grande confiance en soi», souligne Gaëlle.
La boucle est bouclée, le soin favorise la confiance en soi, du côté du soignant comme du soigné !
Marie Anne Ichter, reporter bénévole