Le combat commencé il y a 35 ans ne fait pas débat tant il est nécessaire ; même s’il n’est pas à la hauteur des attentes, il n’autorise ni découragement ni, plus grave encore, le désengagement.
Quelle vision pour les cinq années qui viennent ?
Le coût du foncier qui explose dans les métropoles rend plus difficile l’accès au logement des personnes défavorisées ; aussi, réfléchissons-nous sur des dispositifs, peu utilisés jusqu’ici, comme le démembrement de propriété. L’une des urgences pour une société plus apaisée est le refus du communautarisme que génèrent les phénomènes de ghettoïsation.
Des collaborations se font jour avec des maires de petites et moyennes villes dans le cadre du dispositif Cœur de Ville ; ainsi, à Autun, grande agglomération de par son histoire culturelle et le dynamisme de ses élus.
Habitat et travail largement corrélés, une attention doit être portée au télétraitement qui modifiera les déplacements en raison de leur coût mais, aussi et surtout, pour mieux tenir compte de la protection de la planète.
L’éclatement massif du vieillissement contraint à imaginer l’habitat inclusif, accompagné d’un prendre-soin des aînés par les populations plus jeunes, suscitant in situ une ‘fraternité’ actée. Les expériences sont encourageantes de l’aveu même des soignants et des soignés.
L’urgence de ce type d’habitat s’accroît en raison du déficit des capacités d’admission, plus particulièrement dans les maisons médicalisées éligibles à l’aide sociale. Exemple : un de nos établissements médicosociaux à Lyon, bénéficiant de l’aide sociale, a fait l’objet, sur 2019, de 461 demandes de préadmission…pour 17 entrées !
Nous nous interrogeons sur la destination des EHPAD pour donner une priorité aux personnes en fin de vie, d’où le développement des soins palliatifs déjà commencés.
Les politiques de santé ont conduit à ce que l’hôpital hors les murs soit plus important que celui dans les murs. Les raisons financières n’y sont pas étrangères, non plus que l’attente des patients. Seulement, les personnes les plus vulnérables sont pénalisées. Quels soins possibles lorsque, quittant l’hôpital, il n’y a pas de domicile ou de soutiens familiaux.
M’inquiétant, au mois de décembre, d’un SDF touché par un cancer je me suis entendu dire par l’hôpital : naturellement j’opère, sous réserve qu’une hospitalisation à domicile soit possible.
La loi ELAN nous met aussi au rendez-vous d’une réponse possible.
Le béguinage est aussi une des alternatives développées. Quelle bonne nouvelle que l’accord intervenu avec deux Abbayes bénédictines, à Belloc et à Urt et un monastère franciscain.
Construire est nécessaire mais il doit être veillé aux soignants dont la mission riche de sens n’est pas suffisamment reconnue. Tout ne passe pas par la rémunération mais elle ne peut être absente de la prise en considération.
Nous habitons des lieux. Ce mot simple, dit Michel Serres, cache un fabuleux trésor. Reconnaissons qu’il est loin d’être partagé, d’où notre engagement pour qu’il le soit davantage.
Terminons sur l’humour qui facilite la bienveillance et l’audace pour nous demander si nous ne devrions pas faire de 2020 l’année de la chasse au trésor. Allez, c’est parti !
Bernard Devert
Janvier 2020