Regards croisés sur un modèle d’investissement responsable

Quelles sont les valeurs essentielles qui définissent la finance solidaire ? En quoi se distingue-t-elle de la finance traditionnelle ?

S.P. : Donner du sens à ses investissements, en s’engageant pour la cohésion sociale, le développement durable ou la lutte contre l’exclusion : voici ce qui définit la finance solidaire !

En investissant dans des valeurs de croissance engagées dans une démarche de développement durable, la recherche traditionnelle de performance financière s’allie chez La Financière Responsable avec les objectifs ISR, pour concilier performance économique et impact social et environnemental, pour une transition socialement juste.

Notre ADN d’investisseurs responsables intègre naturellement les valeurs de la finance solidaire, que nous soutenons via notre fonds 90/10, LFR Actions Solidaires ISR : doublement labellisé ISR et Finansol, jusqu’à 10% de son actif net est dédié au financement de l’économie sociale et solidaire, en visant des projets comme le logement, l’environnement ou la création d’emplois.

Habitat et Humanisme en fait partie : nous sommes investisseurs depuis plus de 10 ans.

Pourquoi et comment investir chez Habitat et Humanisme ?

A.C. : Depuis sa fondation il y a 39 ans, le Mouvement Habitat et Humanisme s’est toujours attaché à réconcilier l’économie et le social : création de la 1ère foncière solidaire en 1987, création du 1er fonds commun de placement de partage au milieu des années 1990 et co-fondation de l’association Finansol devenue FAIR qui promeut la finance solidaire et à impact en France.

Les deux foncières du Mouvement comptent près de 15 000 actionnaires personnes physiques et des investisseurs institutionnels gérant de fonds d’épargne salariale. Par ailleurs le Mouvement est partenaire et bénéficiaire des livrets bancaires et des LDDS distribués par les réseaux bancaires.

Le modèle économique des foncières qui repose sur la combinaison de fonds propres levés auprès du public et des investisseurs institutionnels, de subventions et de prêts de la Caisse des Dépôts permet d’avoir un fort effet de levier : 1 euro d’investissement permet de construire 3 euros de logements destinés aux personnes les plus précaires.

La crise du logement est un enjeu majeur. Comment la finance solidaire peut-elle contribuer à y répondre concrètement ?

A.C. : La finance solidaire est un outil qui permet à tout citoyen, conscient de l’enjeu majeur du mal-logement en France, d’y répondre et ce, quels que soient ses moyens financiers. Pour rappel, en 2023 14% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.

Les financeurs solidaires ont permis à Habitat et Humanisme en 2023 de loger 2030 nouvelles familles dans 1059 nouveaux logements produits ou mobilisés auprès de propriétaires solidaires. Ces familles ont bénéficié d’un accompagnement social, à l’emploi, à la formation, à la culture afin de se réinsérer dans les meilleures conditions.

Comment évaluez-vous l’impact social et environnemental de vos investissements solidaires ?

S.P. : L’impact social de nos investissements s’apprécie évidemment à travers le développement des entités dans lesquelles nous sommes investis. Si l’on prend Habitat et Humanisme, les chiffres parlent d’eux-mêmes…

Pour la seule année 2023 :

• 658 nouveaux logements “Propriétaires solidaires”
• 401 nouveaux logements des Foncières d’Habitat et Humanisme et EHD (Entreprendre pour Humaniser la Dépendance) dont :
  • 5 résidences intergénérationnelles 4 résidences mixtes intergénérationnelles et inclusives
  • 2 pensions de famille 1 projet mixte pension de famille et logements sociaux
  • 10 nouveaux EHPAD dans le réseau Habitat et Humanisme Soin
  • 6 nouveaux centres d’hébergement d’urgence et d’accueil de réfugiés

Quels sont les principaux défis auxquels vous faites face pour attirer des financements solidaires ?

A.C. : Les financements solidaires dépendent de la capacité d’épargne de nos concitoyens qui a tendance à se tarir en période d’incertitude économique, les personnes les plus précaires étant alors les premières affectées. Pour casser ce cercle vicieux, nous devons constamment nous mobiliser pour que le grand public nous accompagne dans notre combat pour défendre notre cause.

Aujourd’hui encore, le secteur pâtit d’un manque criant de notoriété. Nous travaillons de concert avec tous nos confrères et partenaires afin que la finance solidaire jouisse de la notoriété qu’elle mérite. La finance solidaire ne représente que 0,5% de l’épargne des français (soit 30 milliards d’euros)…

Quelles sont les difficultés spécifiques de la gestion d’un fonds d’investissement solidaire ? Comment y répondez-vous ?

S.P. : La principale spécificité d’un fonds solidaire réside dans le maintien d’un compartiment solidaire compris entre 5% et 10% de son actif net. Cette gestion est calibrée à travers un besoin de liquidité du fonds, pour lequel une attention particulière est appliquée.

Chez La Financière Responsable, nous diversifions cette poche solidaire à travers des participations dans 4 entités solidaires (ESUS) :

• Habitat et Humanisme : lutte contre le mal logement
• Entreprendre pour Humaniser la Dépendance : construction et réhabilitation d’EPHAD solidaires et de maisons intergénérationnelles
• Solidarité Internationale pour le Développement et l’Investissement : inclusion financière des populations exclues des circuits financiers traditionnels
• France Active : soutien aux entreprises de l’économie sociale et solidaire

Quelles sont, selon vous, les tendances futures de la finance solidaire ? Quels projets d’avenir vous motivent particulièrement ?

S.P. : Chez La Financière Responsable, nous prêtons une attention particulière à la feuille de route pour l’économie sociale et solidaire (ESS). Une des reformes vise à étendre la part solidaire dans les fonds, pour atteindre un maximum de 15% (contre 10% actuellement).

Cela permettrait de flécher 800 millions d’euros supplémentaires vers des projets de l’ESS ! C’est une opportunité de participer davantage aux mouvements dans lesquels nous croyons.

Quels sont les principaux défis auxquels vous faites face pour attirer des financements solidaires ?

A.C. : Être un acteur de la finance solidaire, c’est être libre de flécher son impôt sur une cause qui nous tient à cœur ! C’est avoir un fort impact social au sein de nos territoires.

L’argent des épargnants peut construire de très belles choses, pour un avenir plus solidaire. Sans oublier qu’en investissant dans les foncières du mouvement, la réduction d’impôt IR-SIEG de 25% (à condition de détenir les titres pendant 5 ans) procure un taux de rendement attractif de 5,9% par an, soit deux fois le taux de rendement actuel du livret A !