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Rendre la ville accueillante aux plus fragiles

Publié le 14 juin 2019

Les ingrédients d’une ville accueillante pour tous

Paris, Place des Vosges. 2023. Une résidence sociale, un gîte urbain à vocation sociale, un café, des espaces culturels et une Université Populaire cohabitent dans un bâtiment modèle en matière de transition énergétique. Porté par plusieurs partenaires*, dont Habitat et Humanisme Ile-de-France, ce nouveau « Gîte de Fourcy » participe à rendre la capitale plus accueillante, y compris aux plus fragiles. C’est par la présentation de ce projet, que s’ouvrait le 5 juin 2019, une table ronde organisée par Habitat et Humanisme Ile-de-France « Rendre la ville accueillante aux plus fragiles ».  Animée par Catherine Sabbah, journaliste aux Echos, les échanges ont démarré avec une question : « Comment faire la ville avec les sans (papier, emploi, logement, espoir) ? »

Qu’elles soient formulées par Nicolas Détrie, co-fondateur de Yes We Camp, association qui transforme, de Marseille à Bordeaux, des espaces en territoires éphémères « ouverts et créatifs » ; Gwenaëlle d’Aboville, urbaniste – associée du cabinet d’urbanisme Ville Ouverte ; ou Antoine Dulin, responsable du projet Escales Solidaires à Habitat et Humanisme Rhône et Vice-Président du Conseil économique, social et environnemental, les réponses se recoupent :

  • Créer des lieux ouverts, beaux et protéiformes, où des structures à destination des plus fragiles côtoient des activités dont tous peuvent jouir. Alors que « la rencontre ne se décrète pas, précise Antoine Dulin, et que l’espace public contemporain ne facilite pas les échanges », Habitat et Humanisme Rhône a transformé un accueil de jour à destination des personnes hébergées en un espace chaleureux, ouvert à tous de 8h à 21h. Plus de 400 activités y ont été co-organisées, des soirées culturelles à la coiffure, en passant par la recherche d’emploi. En somme une « Escale Solidaire » est un lieu où Mimi, octogénaire aisée, peut lier une amitié avec Jean-Marc, qui sort de la rue… Créer des lieux polyvalents c’est aussi la raison d’être de Yes We Camp, notamment sur le site des Grands Voisins, dans le 14e arrondissement parisien, où des personnes en foyer d’hébergement côtoient entrepreneurs, artistes et flâneurs attablés au café. « Pour favoriser la mixité, les bâtiments publics pourraient ainsi mêler plus systématiquement l’accueil temporaire des plus fragiles à d’autres fonctions à destination d’autres populations », synthétise Nicolas Détrie.
  • Accueillir (tous) les corps par le mobilier, les toilettes, les verres d’eau… « Le mot inclusion renvoie à de toutes petites choses, souligne Gwenaëlle d’Aboville. En effet, que signifie « ville accueillante » quand on ne peut plus s’allonger ou s’assoir dans l’espace public ? Quand on ne peut plus attendre un bus autrement qu’assis-debout? ». En urbanisme, les cahiers des charges doivent donc prêter attention à ce « peu sexy », c’est-à-dire, par exemple dans la programmation du pôle d’échanges des Halles à Paris où circulent beaucoup de personnes précaires et de lointaines banlieues…, à des toilettes ! En outre, « personne ne doit accaparer l’espace afin que tous soient à l’aise », note Nicolas Détrie. Il souligne aussi la nécessité d’une régulation humaine des lieux mixtes discrète et juste. Ce que prévoit Yes We Camp notamment au RÊV, un café de Montreuil où la consommation n’est pas requise.
  • Organiser des lieux « autorisants », dans lesquels tant les équipements, la gestion des espaces que les activités en commun donnent à chacun la légitimité d’être là.
  • Faire ensemble, que ce soit, dans un espace, au travers des activités co-construites, ou à l’échelle de la ville, par une concertation réelle avec les citoyens. « Faire participer les habitants permet de remonter auprès de décideurs les richesses du quartier qui ne sont pas forcément visibles – un bâtiment, un voisinage solidaire – : c’est une façon d’obtenir les meilleurs projets urbains », synthétise Gwenaëlle d’Aboville. Ce qui implique de prévoir des conditions de concertations (lieu, horaire) en accord avec les vies des gens, et non seulement celles des élus ! « On peut parler de tous les sujets avec les habitants dès lors qu’on en fait l’effort! »
  • Véhiculer les belles histoires. Forte de 15 ans d’expériences partout en France, Gwenaëlle d’Aboville témoigne du succès de projets urbains co-construits mais trop peu connus. « Nous avons été amenés plusieurs fois à conclure qu’il n’était pas nécessaire de construire un centre social car tout ce qu’il fallait existait déjà dans le quartier. Mais qui sait qu’un équipement public n’a pas été construit ? Qui sait que l’argent n’a finalement pas été dépensé ? »

Aller plus loin :

>> Le 1er rapport de l’Observatoire de la mixité sociale (OMIS)

>>  Le rapport de l’IAU

>> Le rapport 2019 de l’Observatoire des Inégalités

>> Le rapport d’Amnesty international  » La solidarité prise pour cible « 

 

 

*Le Gîte de Fourcy est un projet porté par Habitat et Humanisme Ile-de-France, l’Institut des Futurs Souhaitables, Quartus et l’atelier d’architecture Philippe Prost, autant d’acteurs lauréats de l’appel à projets Réinventer Paris 2.

** Deux Escales Solidaires existent à Lyon (en juin 2019). D’après Antoine Dulin, Habitat et Humanisme Rhône prévoit d’en ouvrir une demi-douzaine dans le département, et notamment une troisième qui sera mobile (dans un bus), grâce à un partenariat avec les transports lyonnais.

Ecoutez la table ronde dans son intégralité

Avec :
- Gwenaëlle d’Aboville, urbaniste, associée et directrice de mission au sein de l’agence Ville Ouverte
- Antoine Dulin, Vice-président du CESE et responsable du projet des « Escales Solidaires » chez Habitat et Humanisme Rhône
- Nicolas Détrie, co-fondateur de « Yes We Camp »


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