Durant 8 mois, le Programme Muses et l’artiste Manuel Nectoux ont proposé à des artistes amateurs et en situation d’exil de s’initier à l’écriture de chansons, à la composition de mélodie, depuis l’assemblage jusqu’au chant. Un enregistrement en studio a permis de concevoir un EP de 7 titres. Afin de garder en mémoire ce projet riche, un documentaire a également capté les temps de rencontres en studio.
Découvrez-le dès maintenant : https://on.soundcloud.com/TrQ9i
Vous souhaitez avoir un exemplaire ? Contactez-nous : refugies.culture@habitat-humanisme.org
Publié le 13 octobre 2022
agit depuis plus de 36 ans en faveur du logement et de l’insertion des personnes en difficultés. A partir de 2016, à la demande de l’Etat, l’association s’est engagée dans l’accueil de réfugiés, dans un contexte de crise migratoire durable. Ainsi, via sa branche Urgence, celle-ci accueille des demandeurs d’asiles et des réfugiés en centres d’hébergement en leur offrant un accompagnement socio-administratif, juridique et vers l’insertion, avec des programmes d’intégration par l’emploi, la culture ou la formation. La recherche sur les migrants, en développant des partenariats avec des universités, est également une des missions.
s’emploie à développer l’accès aux arts et aux cultures par et pour tous. Et par ces voies, dans un objectif d’intercompréhension, donner la possibilité de créer et de s’exprimer. Convaincus que par ces actes, nous offrons la possibilité à chacun d’explorer toute sa dimension humaine, pour un monde plus solidaire et multiculturel. Convaincus que la pratique des arts et la découverte mutuelle des cultures peuvent donner un élan, allant même jusqu’au déclenchement d’une transformation. >> En savoir plus
En 2020, alors que s’ouvrait une période de pandémie peu propice à la création, sept volontaires artistes amateurs se sont pris au jeu des ateliers d’écriture et de création en compagnie de Manuel Nectoux. Ils ont partagé lors de sessions collectives leur passion, parlant de musique, racontant leur parcours, et finalement « se libérant » par l’écriture. Sholeh, Mimi, Rita, Cissokho et Irfan, artistes confirmés ou en devenir, ont exploré les rouages de la réalisation d’une chanson. Ils ont peu à peu trouvé leur voix à travers l’emploi des mots longuement mûris et la création de mélodies.
Ces échanges et sessions de travail ont été proposés sous la forme de séances d’écriture collective, qui ont permis de faire naître des chansons à textes d’une grande poésie. Le but était de partager des affinités musicales, de prendre le temps de s’écouter et de travailler l’estime de soi, souvent mise à mal par des parcours difficiles. Le projet a pris une autre dimension lorsque ces chansons, une fois composées, ont été enregistrées dans un studio de musique. Grâce à une immersion dans un milieu professionnel aux côtés de musiciens et de professionnels de la musique, les participants ont pu concevoir de long en long un EP de 7 titres. Sans Frontières est donc un album qui réunit des musiques du monde avec des artistes venant de divers pays d’Afrique et du Moyen-Orient. Ils parlent des langues différentes, mais ont ce point commun de se retrouver autour de la musique.
Ils viennent d’ici et d’ailleurs, en passant par l’Iran, le Congo, le Sénégal, l’Afghanistan ou encore le Nigéria, Sholeh, Irfan, Mimi, Rita, Cissokho et Manuel parlent des langues différentes et ont grandi au sein de cultures différentes mais ont ce point commun de se retrouver autour de la musique. Ils ont tous quelques choses à dire, à chanter, à exprimer…
Cissokho Sory Rappeur et animateur radio dans son pays, Cissokho est né au Sénégal. Arrivé en France en 2019, il obtient son statut de réfugié en 2020. Pourvu d’une détermination sans faille, il a travaillé sans relâche ses chansons au côté de Manuel Nectoux. S’inspirant de l’artiste Tiken Jah Fakoly, Cissokho a composé une chanson sur une mélodie reggae. Demandeur d’asile fait référence à son parcours de migration et aux épreuves qu’il a traversées. Après avoir vécu pendant un an dans un centre d’accueil et d’hébergement, où il y écoutait les résidents raconter leur histoire et les raisons de leur départ. Il s’est donc inspiré des scènes auxquelles il a assisté, et de la difficulté à surmonter ce temps si particulier et incertain de l’attente du verdict de sa demande d’asile. « Cette chanson est un cri du coeur assez brut » a confié plus tard Manuel à son propos.
Mimi Kudiaka Naponi est une chanson écrite par Mimi qui signifie en lingala « c’est mon choix ». Mimi est originaire du Congo. Elle ne pensait pas un jour chanter devant un public et composer une musique. Pourtant au cours de l’année 2021, c’est ce qu’elle a fait. A travers cette chanson, elle nous parle des décisions tragiques qu’elle a dû prendre, de la solitude éprouvée mais aussi de sa confiance à croire en sa bonne étoile. Sur une mélodie envoûtante, elle raconte son combat et la spiritualité qui l’habite. En travaillant avec Manuel Nectoux, ils ont navigué entre différentes inspirations musicales, de la rumba congolaise aux chansons de Manu Chao en passant par des touches latinos. Mimi a su sortir des sentiers battus pour s’ouvrir à de nouveaux horizons, et poser sa voix sur une musique inédite conçue à quatre mains.
Sholeh Golrokhi est une artiste pluridisciplinaire qui vient d’Iran. Elle est poétesse et a été parolière pour plusieurs artistes iraniens. Réfugiée politique depuis plus de 10 ans en France, elle a tout laissé pour rejoindre la France avec sa fille alors âgée de 6 ans. Poétesse, chanteuse, musicienne et artiste peintre, elle est une artiste à part entière. Dans Libre et Paris, elle raconte son voyage vers la liberté de manière imagée et onirique.
Irfan Khan est originaire d’Afghanistan. Depuis 2020, il vit en France. Irfan s’inspire de poésie, une forme artistique omniprésente dans la culture afghane. Pour cette chanson, Irfan a repris un poème libre de droit, qui parle d’amour. Irfan a souhaité ajouter à une note Bollywood dans cette chanson, un genre cinématographique qu’il l’a beaucoup inspiré. Il raconte son histoire, celle d’un homme qui tombe éperdument amoureux d’une femme. Timide mais extrêmement déterminé, Irfan a toujours été une figure tutélaire de ce projet, répondant présent à chaque session.
Rita Omoyuri est originaire du Nigéria. En frappant à la porte de ce programme, elle ne s’attendait pas à faire un bon de géant dans la langue française, l’échange avec l’autre et l’idée de se raconter. Très timide, elle parlait peu d’elle. Au fil des mois, les participants, Manuel et l’équipe Muses ont gagné la sympathie de Rita. Elle s’est alors décidée à se raconter. A travers cette chanson, elle voulait témoigner pour ceux qu’elle a rencontrés sur le chemin de l’exil et qui n’ont pas pu poursuivre. En anglais sur des airs de gospel Nigérian, Rita exprime à travers une chanson presque slamée son histoire. D’une grande timidité, elle a travaillé cette composition musicale comme un poème, qu’elle nous conte avec dignité et détermination.
Manuel Nectoux est l’un des fondateurs du groupe de musique Babylon Circus de style reggae, rock, ska et chanson française formé en 1995 à Lyon. Le groupe est aujourd’hui composé de 9 musiciens et a donné plus de 1 500 concerts dans 35 pays. Manuel Nectoux a déjà animé des ateliers d’écriture avec des publics scolaires. Il a également participé au projet Artypique avec des publics en situation de handicap, qui se sont produits sur la scène de l’Olympia.
Alexandre de la Baume est musicien et producteur. Il forme avec sa soeur Joséphine le duo pop Singtank. Il signe en 2016 sa première musique de film avec le court-métrage « Paraisópolis » de Laure de Clermont. Alexandre a souhaité participer à ce projet et apporter sa contribution en mettant à disposition son savoir-faire, son talent, ses outils et son studio pour l’enregistrement de ces chansons. Alexandre les a accompagnés dans la création live des chansons aux côtés des musiciens et artistes, Emile Larroche et Ludwig Dahlberg.
Antoine Corcos et Pierre Bollerot ont réalisé un documentaire qui donne à voir les coulisses de l’enregistrement. Le documentaire retrace cette exploration de l’intime et l’évocation de soi qui s’est exprimée au cours de ces mois d’ateliers. Pour les réalisateurs, qui ont peu à peu gagné leur place aux côtés des artistes, il était important de conserver une trace de cette synergie créative exprimée lors de ce travail. D’un format de 17 minutes, le documentaire intitulé « Sans frontières » nous fait ainsi rencontrer les acteurs de ce projet sous un angle nouveau. C’est un témoignage bouleversant qui met la lumière sur le courage de Cissokho, Mimi, Sholeh, Irfan et Rita qui se sont appliqués à rendre avec poésie l’expression de leurs sentiments.