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Train de Nuit | Rencontre avec Thomas RAFFAULT

Publié le 3 juin 2021

 « On a toujours l’espoir d’accompagner les résidents vers un ailleurs qui leur correspond »

 

Dans la cour du Train de nuit, un homme prend son café en fumant une cigarette. Il contemple une fresque colorée représentant des paysages de montagnes. Comme lui, 70 personnes de 18 nationalités différentes sont accueillies dans ce CHRS (centre d’hébergement et de réinsertion sociale), lieu de répit pour 54 hommes, 7 parents isolés et 9 enfants. Le bâtiment est situé depuis cinq ans rue Dugas Montbel, tout près de la gare Perrache (Lyon 2). Créé en 1993 en co-gestion avec le Secours Catholique, le centre était, jusqu’en 2016, composé d’Algeco installés sur des terrains mis à disposition par la Ville de Lyon.

Tdn

« J’ai connu plusieurs déménagements ! », indique Thomas Raffault, chef de service au pôle Hébergement. Il pilote trois lieux de vie (La Baraka, le CHU Rillieux et le Train de Nuit). Cela fait bientôt 14 ans qu’il travaille pour Habitat et Humanisme Rhône, d’abord en tant que travailleur social puis responsable de site et aujourd’hui chef de service. Au Train de nuit, Il encadre aujourd’hui une équipe de 10 salariés et 30 bénévoles. « Nous proposons un accueil inconditionnel, peu importe la situation de la personne à l’entrée. Tous sont ici le temps de trouver une solution plus pérenne et adaptée, sous réserve de respecter quelques règles de vie. Certains restent quelques jours et d’autres près de dix ans. Mais en moyenne, la durée de séjour est de trois ans. » 

 

Près de 10 000 demandes d’hébergement d’urgence dans le Rhône

L’attente est longue avant de pouvoir obtenir une chambre au Train de nuit. Les personnes sans-abri sont orientées par la Maison de la Veille Sociale (MVS). « Il y a un an de délai… La MVS gère une file active de 8 à 10 000 demandes permanentes dans le Rhône. » Une éternité lorsque l’on dort sous une tente de fortune, dans un squat ou dans une voiture… En 2020, 535 personnes sont décédées dans la rue (voir l’article de La Croix).

Un toit mais aussi un couvert et du soutien

Thomas Raffault et son équipe salariée-bénévole croisent des personnes cabossées, aux parcours de vie éprouvants, comme cet enfant soldat du Mali, traumatisé, que Thomas a dû se résoudre à accompagner en centre de soins psychiatriques. « On est dans l’accompagnement plutôt que dans la sanction et la répression », précise-t-il.  « On offre un toit mais aussi un couvert et du soutien pour retrouver une place dans la société, se construire et se reconstruire. » La moitié des résidents ont des problèmes sanitaires (maladies chronique, problèmes psy, addictions…). Ils ont la possibilité d’être aidés par un addictologue ou de suivre des ateliers d’insertion (ouverture de droits, rédaction de CV, cours de français, accompagnement pour trouver un logement…). Une grande cuisine permet de préparer des repas issus des denrées de la Banque Alimentaire. 24 personnes peuvent ainsi partager un dîner chaque soir dans la salle-à-manger commune.

8 personnes sur 10 partent avec une solution

« On a toujours l’espoir d’accompagner les résidents vers un ailleurs qui leur correspond. Chaque acteur du Train de nuit, qu’il soit salarié, bénévole ou résident, contribue à donner une place à l’autre. Nous avons quelques échecs mais surtout de belles réussites, sinon je ne ferais plus ce métier depuis longtemps ! » conclut Thomas, qui a fait de son métier un sacerdoce.

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